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Histoire et origine du Shitō-Ryū

 

-La fonction de policier de Maître Mabuni
 

Maître Mabuni Kenwa fera son service militaire peu après avoir rencontré Maître Higaonna, étant âgé de 20 ans.

Le service militaire durait à cette époque 3 ans, et donc Maître Mabuni sortira de son service fin 1912.

Désormais détenteur d'un diplôme d'école secondaire, il commencera sa carrière de policier où il pratiquera le Judo.

Il s'y adonnera avec passion d'ailleurs, qui lui serviront (avec le karaté aussi) durant ses 10 années de policier.

Malgré son jeune âge, il continuera d'apprendre le karaté et tous les autres arts de combats

de l'île d'Okinawa auprès de nombreux autres maîtres, comme par exemple,

Maître Aragaki Seisho et Jino Soeichi pour l'art du Bo-Jutsu (art de l'utilisation des armes),

Shinpachi Tawata pour l'art du Sai-Jutsu.

(Le Sai étant un genre de trident avec la pointe au centre plus longue)

Mais encore Wu Xian-hu (Woo Yin-Gue), nommé également Go Kenki au Japon,

qui était un marchand de thé chinois installé sur Okinawa et qui pratiquait le Baihequan
(Kung-Fu de la Grue blanche de Fujian, style martial créé par une femme).

Tout ceci étant rendu possible grâce à ses différentes affectations de policiers à travers toute l'île.

En 1918, Maître Mabuni deviendra donc très respecté, d'une part pour sa connaissance parfaite des katas

et de leurs bunkais, mais d'autre part surtout pour sa droiture exemplaire de policier.

Ce statut lui permettra surtout de pouvoir enseigner et pratiquer son art martial sans craindre la censure,

et sans avoir besoin de s'en cacher, car la pratique d'un art martial chinois à l'époque était passible de mort.

Il exercera sous couvert de vouloir se perfectionner et d'aider les policiers de l'île à être apte à se défendre.

C'est également l'année de naissance de son fils et futur successeur, Maître Mabuni Kenei.

Avant 1922, Maître Mabuni aura le grand honneur de faire une démonstration d'arts martiaux en présence

du Prince Kuni et du Prince Kacho à l’école secondaire normale d’Okinawa.

Pendant ce temps, Gichin Funakoshi (Fondateur du Shotokan et ami de Maître Mabuni)

sera envoyé au Japon, avec le soutien de Maître Mabuni et de Maître Miyagi

pour introduire le To-De d'Okinawa (Première exportation du futur karaté au Japon).

Maître Mabuni s'entrainera également dans un club de recherche de karaté (Kenkyukai)

géré par Maître Miyagi Chojun et Maître Motobu Choyu,

avec l'aide des Maîtres Hanashiro Chomo et Kiyoda Juhatsu.

Ces différents maîtres étant des spécialistes du Shuri-Te et Naha-Te.

Ce type de club d'échanges entre maîtres était courant sur Okinawa,

c'est ce qui constituait l'essence même du karaté de l'époque d'ailleurs.

(Lorsque l'on dit Shuri-Te et Naha-Te, il faut entendre par là qu'ils maîtrisaient

le style de combat de "la main de la ville de Shuri" et de "la main de la ville de Naha".

Le karaté à l'époque n'existait pas sous ce nom, il était décrit comme To-De,

ou "le poing de la Chine" ou encore "la main du continent".

Le karaté dans le sens "main/poing vide" n'existe donc pas encore.)

Ce club de recherche, créé en 1918 au domicile de Maître Mabuni, était devenu une véritable légende,

de nombreux maîtres de différents horizons venaient s'y rencontrer.

On citera, entre autres, Choshin Chibana, Gichin Funakoshi, Anbun Tokuda, Shinpan Shiroma,

Choju Oshiro, Seicho Tokumura, Hoko Ishikawaba, etc...

Maître Mabuni Kenwa y rencontrera notamment Wu Xian-hu (Woo Yin-Gue), appelé Go-Kenki,

un marchand de thé d'Okinawa, qui s'avéra être un maître de Kung-Fu de l'école de la grue blanche,

qui avait pour habitude d'enseigner dans son arrière boutique, et qui décèdera à l'âge de 54 ans en 1940.

Maître Mabuni fils, Kenei, apprendra ses premiers katas au Kenkyukai et assistera à chacune des séances

sans dire mot, et commencera à connaître de nombreux katas, seulement par le fait de les voir exécuter par son père.

Il lui est arrivé de recevoir une friandise lorsqu'il réalisait certains katas sur la demande des autres maîtres.

Jusqu'à 13 ans, il ne pratiquera pas avec les autres, c'est seulement après qu'il sera convié à participer,

sur demande de son père qui souhaitait qu'il commence au même âge que lui avait commencé.

Ce club de recherches finira par fermer ses portes et ce sera à Maître Miyagi Chōjun d'éponger les dettes,

car il était le plus fortuné, de par son entreprise familiale de phytothérapie.

Cette fermeture scindera le groupe des futurs fondateurs de karaté, qui partiront chacun de leur côté.

Maître Miyagi Chōjun restera sur Okinawa grâce à ses revenus, et sera considéré comme un Meijin

(= vrai Maître) par le siège des arts martiaux japonais. Maître Mabuni était bien moins fortuné

que son ami Chōjun, avec son maigre salaire, rien ne le retenait à Okinawa qui était plus pauvre que le Japon.

Aussi il partira d'Okinawa pour offrir une vie meilleure à sa famille.

Son rêve étant de faire reconnaître les arts martiaux d'Okinawa par le Japon,

au même titre que les autres arts martiaux, comme le judo, le kendo, etc...

Il écrira d'ailleurs les mots suivants :

何事も   打ち忘れたり
ひたすらに   武の島   さして
漕ぐが   たのしき

« Je mets de côté toutes choses,
en visant l'île du Budô (Arts martiaux),
heureux de ramer vers elle » 

                                                        Mabuni Kenwa

(rédigé par Armand SELLIER, membre du KDSR)

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Nanigoto mo uchi wasuretari

Hitasura ni take no shima sashite

Kogu ga tanoshiki

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Maître Mabuni et ses élèves policiers sur Okinawa

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