
à Pornichet
Karaté-Do Shito-Ryu

Histoire et origine du Shitō-Ryū
-Histoire très ancienne du lieu d'origine du karaté, Okinawa

Le Shitō-Ryū 糸東流 est un style de karaté prenant ses origines sur l'île d'Okinawa.
Okinawa fait partie de l'archipel Ryūkyū, comprenant de nombreuses îles allant du sud du Japon
jusqu'à Taïwan. Okinawa appartenait au Royaume de Ryūkyū.
Ce royaume était vassal de l'Empire chinois de la dynastie des Ming.
Donc de 1372 à 1872, il est sous influence et domination chinoise.
De 1872 à 1879 aura lieu une guerre entre le Royaume de Ryūkyū et le Japon.
Évènement qui marquera le début de l'expansionnisme japonais.
Les Okinawaïens deviennent, par la force, japonais.
L'utilisation des langues Ryūkyū devient dès lors interdite.
Maître Mabuni Kenwa 摩文仁 賢和, naîtra le 14 Novembre 1889 à Shuri, soit 10 ans après cette annexion.
Descendant d'une famille d'aristocrates samurai d'origine okinawaïenne, les Onigusukini - Yukachu,
il était le 17e descendant du célèbre guerrier Oshiro Kenyu, dit "Uni Ufugusuku" 鬼 大城.
Ce dernier étant un maître d'art martial et grand général au service du Royaume de Ryūkyū de 1420 à 1469,
Son nom signifiait "l'Ogre" car il était réputé très grand ! 1 mètre 80 au minimum.
Il était chargé de protéger la fille du Roi jusqu'à son mariage.
Or son prétendant, l'Aji Amawari, tentera de renverser le pouvoir et Uni Ufugusuku l'exécutera,
ramenant la princesse auprès de son père le Roi, qui offrira sa main à son sauveur.
La dynastie Shō (famille du Roi et de la princesse) s'effondrera
et Oshiro Kenyu sera expulsé du fait de sa trop grande loyauté envers cette dynastie.
Il se suicidera plusieurs années après, ne supportant pas cette honte d'avoir vu la dynastie de sa femme s'effondrer,
et sera enterré au Château de Chibana à Okinawa où l'on peut aujourd'hui encore se recueillir.
La tombe est celle de la photo à droite, elle est creusée à même la montagne
et Oshiro Kenyu y repose aux côtés de son épouse.

-La jeunesse du fondateur du style, Maître Mabuni Kenwa

Maître Mabuni Kenwa verra le jour le 14 Novembre 1889 à Shuri.
Il était connu pour être de constitution fragile étant petit, aussi son père l'enverra,
dès l'âge de 13 ans en 1902, sous la tutelle de Maître Itosu Ankō 糸州 安恒, alors âgé de 71 ans.
(Considéré comme le père des arts martiaux japonais actuels et Maître du Shuri-Te 首里 手)
Maître Itosu élabora les katas Pinan à partir du kata Kosokun Dai.
Maître Mabuni étant très assidu dans son apprentissage, il les connaîtra parfaitement.
Maître Mabuni apprendra beaucoup de katas, la transmission étant interdite à l'écrit à cette époque et punissable de mort, il va donc parfaire sa connaissance du Shuri-Te, et apprendra pas moins de 23 katas en sa compagnie.
Il les répètera tous les jours des heures durant en maîtrisant les bunkais également.
Le temps passera et Maître Mabuni deviendra également très proche de Miyagi Chōjun 宮城 長順,
qui plus tard deviendra le fondateur du style de karaté appelé Gōjū-Ryū.
Ce dernier le présenta à Maître Higaonna Kanryō 東恩納 寛量, qui le formera au Naha-Te 那覇 手
sous l'impulsion également de son Maître Itosu qui lui conseilla vivement de développer son style auprès d'autres maîtres pour parfaire son propre art et ne pas s'enfermer dans un style vu les capacités qu'il possédait.
Vers 1909 donc, Maître Mabuni, âgé d'environ 20 ans, rencontrera Maître Higaonna alors âgé d'environ 56 ans.
Il faut savoir que Maître Higaonna, dans sa jeunesse, se rendit en Chine du sud pour y apprendre le Kung-Fu.
Il a donc jeté les premières bases du Naha-Te au Japon de l'époque.
Également sachez qu'on entrait pas comme ça dans un dojo à l'époque pour y recevoir l'enseignement d'un Maître.
C'était un grand privilège, et malgré que les élèves étaient acceptés dans un dojo, un Maître ne dispensait pas
d'enseignement. On assistait aux démonstrations du Maître mais il n'expliquait rien.
Et à moins d'être recommandé par une personne très influente, le Maître ne donnait pas d'enseignement à un élève
en particulier, Maître Mabuni a donc eu une très grande chance de recevoir ces enseignements à l'époque.
Maître Itosu lui apprenait des techniques directes et puissantes que l'on retrouvent dans les katas Naifanchi et Bassai.
Maître Higaonna lui apprendra, quant à lui, des techniques plus circulaires et des méthodes de combat plus rapprochées que l'on retrouve dans des katas comme Seipai et Kururunfa. (Voir → liste des katas)
Le Shito-Ryu naîtra donc dans l'esprit de Maître Mabuni, en premier lieu, autour de ces deux idéologies.
-La fonction de policier de Maître Mabuni
Maître Mabuni Kenwa fera son service militaire peu après avoir rencontré Maître Higaonna, étant âgé de 20 ans.
Le service militaire durait à cette époque 3 ans, et donc Maître Mabuni sortira de son service fin 1912.
Désormais détenteur d'un diplôme d'école secondaire, il commencera sa carrière de policier où il pratiquera le Judo.
Il s'y adonnera avec passion d'ailleurs, qui lui serviront (avec le karaté aussi) durant ses 10 années de policier.
Malgré son jeune âge, il continuera d'apprendre le karaté et tous les autres arts de combats
de l'île d'Okinawa auprès de nombreux autres maîtres, comme par exemple,
Maître Aragaki Seisho et Jino Soeichi pour l'art du Bo-Jutsu (art de l'utilisation des armes),
Shinpachi Tawata pour l'art du Sai-Jutsu, ou encore Wu Xianhui.
(Nommé également Go Kenki au Japon)
(le Sai étant un genre de trident avec la pointe au centre plus longue)
Tout ceci étant rendu possible grâce à ses différentes affectations de policiers à travers toute l'île.
En 1918, Maître Mabuni deviendra donc très respecté, d'une part pour sa connaissance parfaite des katas
et de leurs bunkais, mais d'autre part surtout pour sa droiture exemplaire de policier.
Ce statut lui permettra surtout de pouvoir enseigner et pratiquer son art martial sans craindre la censure,
et sans avoir besoin de s'en cacher, car la pratique d'un art martial chinois à l'époque était passible de mort.
C'est également l'année de naissance de son fils et futur successeur, Maître Mabuni Kenei.
Avant 1922, Maître Mabuni aura le grand honneur de faire une démonstration d'arts martiaux en présence
du Prince Kuni et du Prince Kacho à l’école secondaire normale d’Okinawa.
Pendant ce temps, Gichin Funakoshi (Fondateur du Shotokan et ami de Maître Mabuni)
sera envoyé au Japon pour introduire le To-De d'Okinawa.
Maître Mabuni s'entrainera également dans un club de recherche de karaté géré par
Maître Miyagi Chojun et Maître Motobu Choyu, avec l'aide des Maîtres Hanashiro Chomo et Kiyoda Juhatsu.
Ces différents maîtres étant des spécialistes du Shuri-Te et Naha-Te.
(Lorsque l'on dit Shuri-Te et Naha-Te, il faut entendre par là qu'ils maîtrisaient
le style de combat de "la main de la ville de Shuri" et de "la main de la ville de Naha".
Le karaté à l'époque n'existait pas sous ce nom, il était décrit comme To-De,
ou "le poing de la Chine" ou encore "la main du continent".
Le karaté dans le sens "main vide" n'existe donc pas encore.)
Ce club de recherche, créé en 1918 au domicile de Maître Mabuni, était devenu une véritable légende,
de nombreux maîtres de différents horizons venaient s'y rencontrer.
On citera, entre autres, Choshin Chibana, Gichin Funakoshi, Anbun Tokuda, Shinpan Shiroma,
Choju Oshiro, Seicho Tokumura, Hoko Ishikawaba, etc...
Maître Mabuni Kenwa y rencontrera notamment Woo Yin-Gue, un marchand de thé d'Okinawa,
qui s'avéra être un maître de Kung-Fu de l'école de la grue blanche.
Maître Mabuni Kenei, y apprendra ses premiers katas et assistera à chacune des séances sans dire mot,
et commencera à connaître de nombreux katas, seulement par le fait de les voir exécuter par son père.
Il lui est arrivé de recevoir une friandise lorsqu'il réalisait certains katas sur la demande des autres maîtres.
Jusqu'à 13 ans, il ne pratiquera pas avec les autres, c'est seulement après qu'il sera convié à participer.



-La volonté d'enseigner de Maître Mabuni
Maître Mabuni Kenwa pensait que toute personne honnête et intègre méritait d'avoir la possibilité
d'apprendre le To-De ("la main de Chine"). Beaucoup d'autres maîtres de l'époque partageait son avis.
Alors qu'il était totalement interdit de transmettre cet art car jalousement gardé tel un secret.
Maître Mabuni deviendra professeur de l'école Départementale des Pêches en 1918, et créera son premier club
de recherches en karaté en 1925. Ce laps de temps lui permit d'apprendre l'enseignement et comment le dispenser.
Maître Mabuni et Maître Miyagi se partageaient la tâche de professeur principal.
Ce dojo se trouvait derrière la maison de Maître Mabuni et était constitué de multiples outils de travail.
À savoir, des Makiwaras (planche de bois recouverte de cordages que l'on frappait avec les kentos, afin de fortifier ses mains), des Sage-Makiwaras (prononcé [sa-gué], qui étaient des makiwaras suspendus), Yoko-Bo-Makiage (makiwaras horizontaux pour frapper du poing en Tetsui), des Getas en fer (prononcé [gué-ta], qui sont des chaussures japonaises), des pierres à soulever, des haltères, des Sai, des boîtes de sable, etc...
Maître Mabuni pensait dur comme fer, qu'un entraînement de karaté devait être un renforcement physique,
et qu'une poigne de main forte était essentielle pour bien pratiquer le karaté.
Maître Mabuni partit à Tōkyō vers 1927 afin de populariser ce qu'il avait appris jusqu'à présent,
sous l'impulsion de Maître Jigoro Kano, fondateur du Judo.
À la suite de l'ouverture du Dojo de Judo d'Okinawa, Maîtres Mabuni et Miyagi feront une démonstration
devant Maître Jigoro Kano, qui leur conseillera vivement de développer leur enseignement sur tout le Japon.
Maître Kano tint ses mots à Maîtres Mabuni et Miyagi :
"Vous devez diffuser dans tout le Japon cet art martial idéal, fait d'attaques et de défenses libres"
Il partit peu après 1927 à Ōsaka afin d'en faire son travail à temps plein et d'enseigner son style
qu'il appellera au début Hanko-ryū (ou style "semi-dur").
Il cherchait la reconnaissance du Budokukai japonais
(qui était l'équivalent de notre FFK actuelle, mais au Japon de l'époque).
Les Maîtres de l'époque convinrent de le nommer "Karaté" pour la première fois
afin que cela sonne plus japonais que "main de Chine" et soit accepté plus facilement.
Son style d'origine chinoise était très mal vu par la population japonaise et voyait d'un mauvais œil ce style.
Il ouvrit son Dojo en 1934, Le Yoshukan Dojo, où il poursuivra son enseignement.
Il décida de rendre hommage à ses maîtres, Itosu et Higaonna, et de nommer son style Shitō-Ryū en leur honneur.
En effet le premier Kanji de Itosu et Higaonna, donnèrent 糸 et 東 qui pouvait se lire "Shitō".
Ryū signifiant "école", d'où le nom de Shitō-Ryū.
Maître Mabuni fera de nombreuses représentations publiques de son style afin de sensibiliser les gens,
et les amener à apprécier ce style, il donnait très régulièrement des leçons gratuites de son style
auprès des stations de police d'Osaka, et tout l'Ouest du Japon (plus ouvert d'esprit que l'Est à cette époque).
Ses efforts incroyables ont permis de donner de bons résultats et ont permis d'être accepté par
l'Association du Butokukai, nous avions ainsi en 1939, la première école du Shitō-Ryū de créée.
En juillet 1939, il reçut le titre très honorifique de Shihan (Entraîneur) de cette même organisation.
Organisation qui deviendra plus tard La Fédération Mondiale Shitō-Kai Karaté-Do que l'on connaît aujourd'hui.
La guerre faisant rage et le Japon étant impliqué dans le conflit jusqu'au cou, les écoles fermeront leurs portes.
Peu après la fin de la guerre, les écoles rouvriront, tout comme les dojos.
La plupart de ses étudiants ayant survécu, son style pouvait encore perdurer et survécut.
-Crépuscule de la vie de Maître Mabuni
Maître Mabuni Kenwa publiera plusieurs livres sur le karaté et sur sa philosophie d'apprentissage.
Il développera plusieurs kata comme Aoyagi, Jūroku, Matsukaze, Myojo, et Shinsei (divisé par la suite en deux katas)
Aoyagi, par exemple, étant créé pour se défendre si vous étiez une femme.
Maître Mabuni étant sans conteste un Maître très traditionnel mais aussi très avant-gardiste
pour comprendre qu'il pouvait se propager dans le monde entier du fait de sa diversité de styles.
Il cèdera son flambeau à ses deux fils, Kenei et Kenzō, après avoir rendu son dernier soupir le 23 Mai 1952.
Maître Mabuni Kenei deviendra le 2e Soke du Shito-Ryu, et son enseignement nous sera transmis
par le biais de Dominique Bichon Sensei.


De gauche à droite :
Kanken Tōyama - Fondateur du Shūdōkan
Élève des maîtres Itosu et Higaonna
Ōtsuka Hironori - Fondateur du Wadō-Ryū
A eu, entre autres comme enseignant, Maître Mabuni et Funakoshi
sa citation favorite était :
« Un jour, quelque part après la cinquantaine, tu reconnaîtras ce qu’est réellement le Karaté »
Shimoda Takeshi - Assistant de Funakoshi Gichin
Il était son meilleur élève, et deviendra son principal Shihan (=Instructeur)
Funakoshi Gichin - Fondateur du Shotokan
sa citation favorite était :
« Plus un obstacle est grand, plus grande sera la satisfaction de le surmonter »
Motobu Chōki - Fondateur du Motobu Shitō-Ryū
Mabuni Kenwa - Fondateur du Shitō-Ryū
Nakasone Genwa - Journaliste, Écrivain et Politique
Il participera à promouvoir en grande partie le karaté à son époque à sa manière,
avec les livres des techniques des maîtres de l'époque.
Taira Shinken - Fondateur du Kobudō
Il est né sur l'île de Kume à l'ouest d'Okinawa,
Il travailla dans les mines jusqu'au jour où un accident lui causa des dégâts permanents
sur une jambe, à la suite d'un effondrement de la mine.
Malgré cette blessure, il fonda son style du maniement des armes, le Kobudō.
Maître Mabuni Kenei

Photo prise peu après le Butoku festival en 1938 tenu au Dai Nippon Butokukai.
Première rangée de gauche à droite :
-
Tatsuo Yamada (Fondateur du Karaté Kenpo Japonais,
un des pères du kickboxing et étudiant de Motobu) -
Hironori Ohtsuka (Fondateur du Wado Ryu et élève de Funakoshi et Motobu)
-
Yasuhiro Konishi (Fondateur du Shinto Jinen Ryu et élève de Funakoshi et Motobu)
-
Sannosuke Ueshima (Fondateur du Kushin Ryu et élève de Motobu)
-
Kenwa Mabuni (Fondateur du Shito Ryu).
Deuxième rangée de gauche à droite :
-
4e personne : Gogen Yamaguchi (Un élève de Chojun Miyagi)
-
3e personne : Possible Kiyozawa Manshi,
Dernière rangée de gauche à droite :
-
1ère personne : Neichu So (Un élève de Gogen Yamaguchi et un professeur de Mas Oyama)